Conférence de presse conjointe - Propos liminaire de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères (4 décembre 2023)

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Je suis très heureuse d’être ici avec vous, à l’invitation d’une collègue et d’une amie.

Nous nous rencontrons régulièrement avec la sénatrice Wong, la dernière fois, à New York, en septembre. Et j’ai déjà eu le plaisir de vous accueillir à Paris, chère Penny, pour un 2+2 en janvier dernier, une étape clé entre la visite du Premier ministre Albanese au Président Macron le 1er juillet 2022, et ma visite d’aujourd’hui.

Au National Press Club plus tôt aujourd’hui, j’ai partagé quelques réflexions sur notre stratégie Indopacifique et sur ce que nous pourrions faire ensemble.

En résumé : l’Indopacifique est une priorité majeure pour la France. Nous sommes déterminés à renforcer notre coopération avec les partenaires-clé de la région pour faire face aux défis mondiaux et préserver un ordre international fondé sur des règles. L’Australie a été depuis longtemps, est toujours et restera un partenaire clé de la France dans le Pacifique. Nous portons également cette ambition dans l’Océan indien, avec l’Inde et l’Australie en format trilatéral.

Nous sommes aux côtés de l’Australie, comme nous sommes aux côtés de tous nos alliés et partenaires, lorsqu’ils sont confrontés à des comportements inamicaux, par exemple lorsqu’ils exercent leur droit de libre navigation. Et permettez-moi de souhaiter un prompt rétablissement à l’officier de la Marine australienne qui a récemment été blessé lors d’un incident grave, un incident qui n’aurait pas dû se produire.

C’est aujourd’hui un moment très particulier pour nos deux pays. Nous adoptons une feuille de route ambitieuse pour un partenariat profondément renouvelé, à la veille de la célébration, en 2024, des 80 ans des relations diplomatiques bilatérales.

Il nous a fallu 18 mois de dur labeur.

La sénatrice Penny Wong et moi-même, avec nos équipes, avons rempli la mission confiée par le Président Macron et le Premier ministre Albanese en juillet 2022. Lorsque votre Premier ministre est venu à Paris quelques semaines après avoir pris ses fonctions, notre tâche n’était pas de reconstruire le type de relation que nous avions avant septembre 2021, mais d’en construire une nouvelle, autour de projets concrets, dont certains sont prêts à démarrer.

C’est ce que nous avons fait. Notre feuille de route est très concrète :

Nous lançons un Centre d’excellence franco-australien pour l’Indopacifique, avec trois programmes :

  • un Programme d’études indopacifiques axé sur la recherche stratégique ;
  • une Initiative de savoir partagé pour le Pacifique visant à encourager la recherche dans des domaines tels que le changement climatique, l’environnement et les sciences marines ;
  • un Centre pour la transition énergétique qui réunira de grandes institutions universitaires et des entreprises pour soutenir la recherche, la formation et aider à construire des coalitions pour fournir les meilleures solutions en matière de transition énergétique pour nos pays et la région. Nous n’avons rien de tel nulle part ailleurs.

Nous lançons également un partenariat pour la résilience climatique et environnementale dans le Pacifique avec la signature, il y a quelques minutes, d’une lettre d’intention entre l’AFD - l’Agence française de développement - et le DFAT.

En matière de défense, nous allons renforcer l’interopérabilité de nos forces armées grâce à un accès réciproque aux installations militaires et grâce à davantage d’activités conjointes. Nos deux ministres compétents en discutent en ce moment même en Nouvelle-Calédonie, à l’occasion de la 10e édition de la réunion des ministres de la défense du Pacifique-Sud que nous sommes fiers d’accueillir à Nouméa.

En outre, notre feuille de route comprend une liste de coopérations très concrètes sur les minéraux critiques, l’espace, et l’Antarctique.

Dernier point et non des moindres, nous avons décidé d’être beaucoup plus ambitieux dans le domaine de la culture et du patrimoine. Voici quelques exemples :

  • Je suis venue à Canberra avec une version numérisée des archives d’un des premiers voyages d’exploration scientifique français, des années 1792-1793, qui apportent un témoignage unique sur la Tasmanie et ses Peuples Premiers. Je suis fière que la France et l’Australie aient conjointement déposé en novembre l’inscription de ces archives et du matériel connexe au Registre des Mémoire du Monde de l’UNESCO. Ce n’est que le début d’un voyage que nous aimerions entreprendre avec vous ainsi qu’avec nos concitoyens de Nouvelle-Calédonie, de Polynésie française et de Wallis-et-Futuna sur le thème des mémoires partagées.
  • Un autre exemple est le lancement, demain, de la Fondation pour les échanges culturels franco-australiens, dirigée par un conseil d’administration australien, destiné notamment à soutenir un programme de résidence d’artistes favorisant les échanges et les projets d’artistes et d’institutions australiens et français, ce programme étant aussi ouvert à d’autres nations du Pacifique.
    Comme vous pouvez le voir, nous croyons que le potentiel de notre relation est immense dans tous les secteurs, et en gardant cela à l’esprit, je vais étudier la possibilité d’ouvrir un Consulat général de France à Melbourne.

Nous avons donc joint le geste à la parole. Mais n’oublions pas d’où nous venons. Notre relation a été forgée par un siècle d’objectifs communs et de sacrifices. Ce que nous espérons, c’est de garder à l’esprit et dans nos cœurs nos sacrifices communs et de nous engager ensemble pour un avenir meilleur, non seulement pour nous, mais aussi pour l’ensemble du Pacifique et pour notre planète.

Je vous remercie de votre attention.