La France et la Commission de l’océan Indien

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Depuis plus de 30 ans, la France est membre de la Commission de l’océan Indien (COI), aux côtés de l’Union des Comores, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles.

La COI est une organisation internationale avec une identité insulaire et francophone. Ses cinq États membres partagent la même ambition de dynamiser l’organisation. Cette volonté s’est illustrée en 2020 par la révision de l’Accord fondateur de Victoria afin de donner à la COI les moyens de conduire des actions collectives et de donner une place statutaire au Sommet des chefs d’État et de gouvernement.

Pourquoi la France est-elle membre de la Commission de l’océan Indien ?

La France est membre de la COI pour permettre à La Réunion de participer pleinement à la coopération régionale dans le Sud-Ouest de l’océan Indien. En effet, l’île de La Réunion est liée aux pays de la sous-région à travers son histoire et ses échanges économiques, commerciaux et humains denses.

Les statuts de la COI permettent à des entités régionales de candidater en tant que membre. Le 10 janvier 1986, la France est ainsi devenue un membre à part entière de la commission au titre de La Réunion.

Depuis son adhésion, et la première présidence française de la COI assurée d’octobre 1992 à décembre 1993, la France a approfondi ses activités dans le cadre de cette organisation. La France a exercé la présidence de la COI en 2021-2022 et a tenu un conseil des ministres à Saint-Denis-de-la-Réunion en novembre 2021.

Quels sont les objectifs et les missions de la COI ?

L’action de la Commission de l’océan Indien se décline en plusieurs axes stratégiques :

  • La stabilité et la sécurité, notamment dans le domaine maritime ;
  • L’intégration économique des États insulaires de la commission, en promouvant l’économie bleue, label pour l’utilisation éthique et durable de la mer ;
  • La préservation de l’environnement et la gestion des risques climatiques et environnementaux ;
  • La coopération sanitaire, au-delà de la crise sanitaire actuelle, notamment concernant des enjeux de santé publique ;
  • La coopération scientifique et universitaire.

Des projets concrets sont menés selon ces axes stratégiques. Ils mobilisent des partenaires financiers aussi divers que l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne (UE), le Fonds vert pour le climat et la Banque mondiale.

La COI met ainsi en œuvre des partenariats ambitieux, parmi lesquels :

  • Le projet BRIO, financé par l’AFD et Météo-France, permet un échange d’expérience entre Météo-France et Météo-Seychelles ainsi que le développement d’un modèle de simulation du changement climatique haute résolution pour toutes les Îles de la COI. Il s’agit d’une première en Afrique.
  • Le plan de riposte sanitaire contre la Covid-19 a été mis en place en vue d’acheminer des équipements médicaux, grâce au soutien de l’AFD.
  • Le réseau ePOP (« petites ondes participatives ») crée, à travers la réalisation de courtes vidéos, un dialogue entre les populations affectées par les changements culturels et climatiques, des scientifiques et d’autres acteurs. Cette initiative de sensibilisation au développement durable est portée par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et RFI Planète Radio. ePOP a gagné le soutien de l’Organisation internationale de la francophonie en 2021.

Quel est l’intérêt pour la France d’être membre de la COI ?

En tant que membre de la Commission de l’océan Indien, la France bénéficie d’un cadre de dialogue permanent avec les pays de la région. Cela permet également à la Réunion de s’intégrer à la coopération régionale dans le sud-ouest de l’océan Indien.

La COI est la seule organisation régionale africaine dont la France est membre. À l’exception de la COI, dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique, les seules autres organisations internationales auxquelles la France est partie prenante au titre de ses DOM-TOM sont la Commission du Pacifique sud et que l’Association des États riverains de l’océan Indien (IORA).

Depuis sa création, le savoir-faire de la COI est reconnu dans plusieurs domaines notamment autour de projets renforçant l’intégration de la région. À ce titre, la Commission a reçu des financements importants de l’UE ou de l’AFD pour mener des projets de coopération régionale en matière de gestion des ressources naturelles, de résolution de crises environnementales, de sécurité maritime, de pêche, et de changement climatique.

Qu’apporte la France à la COI ?

La France est un membre très actif et impliqué dans le fonctionnement de la COI. Elle contribue à hauteur de 40 % du budget de fonctionnement de l’organisation. L’Agence française de développement, son opérateur mettant en œuvre sa politique d’aide au développement, est le deuxième partenaire de la COI.

L’Union européenne, dont la France est membre, est le premier soutien financier de la COI. Au total, la COI administre plus de 200 millions d’euros de projets.

La France apporte également à la COI son savoir-faire dans les différents projets réalisés.

Les domaines d’action de la Commission de l’océan Indien

La Commission de l’océan Indien (COI) a gagné, depuis sa création en 1984, un savoir-faire reconnu, au bénéfice de ses 5 États membres (Comores, Maurice, Madagascar, Seychelles et France (au titre de La Réunion).
La COI met en œuvre des projets de coopération et d’intégration régionale en matière d’économie bleue, de gestion des ressources naturelles et des milieux côtiers, de sûreté et de sécurité maritime, de développement, de pêche, d’environnement et de changement climatique, de santé publique et de formation universitaire. Elle s’implique également dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD).

L’action de la COI se décline en plusieurs axes stratégiques :

Économie bleue : pour une utilisation éthique et durable de la mer

La COI a adopté, en 2019, son plan d’action régional pour l’économie bleue qui sert de cadre pour la réalisation de projets responsables et durables. En effet, l’économie bleue est un label qui prescrit une utilisation éthique et durable de la mer. Ce label englobe des enjeux à la fois économiques et climatiques et valorise les écosystèmes aquatiques et marins à travers l’économie.

L’économie bleue recouvre des défis aussi divers que :

  • la surpêche,
  • la durabilité des transports maritimes,
  • la préservation des écosystèmes côtiers et de la biodiversité marine,
  • la gestion durable des ressources des fonds marins,
  • le tourisme bleu,
  • l’étude des énergies marines renouvelables.

La France (au travers de l’Agence française de développement (AFD)) soutient et finance la résilience des espaces côtiers ainsi que la protection des aires marines protégées. Il s’agit notamment du Parc marin de Mohéli aux Comores (3 millions d’euros) et du Parc national de Mayotte et des Glorieuses (3,6 millions d’euros en 2018).
En 2021-2022, la France a également piloté l’année bleue de l’océan Indien, menant des projets concrets (journée de nettoyage de plages, formations de pêcheurs, etc.) dans les pays de la COI, ainsi que dans les pays côtiers est-africains (Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, Tanzanie).

La COI n’est pas la seule organisation de l’océan Indien à considérer que l’économie bleue est un sujet structurant : l’Association des pays riverains de l’océan Indien (IORA) a constitué un groupe de travail relatif à ces enjeux. La France y joue un rôle actif.

Environnement et climat : pour une gestion responsable de nos ressources naturelles

Depuis 2012, la COI est engagée en faveur de la préservation des écosystèmes et la gestion responsable des ressources naturelles et des milieux côtiers, qui est un volet de l’économie bleue. De nombreuses initiatives ont été élaborées avec différents partenaires internationaux tels que les Nations unies, l’Union européenne et l’Union africaine selon trois principaux champs d’action :

  • Le changement climatique : La commission a adopté, dès 2012, une stratégie sur le changement climatique et la réduction des risques de catastrophe afin de soutenir les États membres face aux aléas climatiques. Dans ce cadre, la COI et ses partenaires ont mis en œuvre plusieurs projets, qui ont démontré leur efficacité :
    • Le projet SWIOCOF (South West Indian Ocean Climate Outlook Forum), est mené en partenariat avec l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM). Il a permis de développer une communauté de prévisionnistes parmi les États membres de la COI en organisant plusieurs sessions de formation sur les prévisions saisonnières.
    • Le projet Hydromet témoigne de l’importance de développer la résilience face aux imprévus météorologiques, hydrologiques et climatologiques. Ce projet, financé par le Fonds Vert pour le Climat, l’AFD et l’UE, a pour principale mission de renforcer l’adaptabilité des services chargés d’évaluer le changement climatique.
  • La biodiversité et la gestion des ressources marines et côtières : Grâce à une collaboration étroite avec des partenaires clés comme l’Union africaine, le Secrétariat général de la convention de Nairobi ou encore le programme des Nations unies pour l’environnement, la COI poursuit la mise en œuvre de ses engagements en matière de gestion et d’utilisation durables des ressources marines et côtières. Les États membres soutiennent l’initiative GloFouling, en partenariat avec l’Organisation maritime internationale. GloFouling permet de contrôler et gérer l’encrassement biologique des navires provoqué par des espèces marines envahissantes et susceptible d’entraver leur trajectoire.
  • La gestion et réduction des déchets : Il s’agit d’un enjeu d’ampleur puisque l’on estime que 140 000 tonnes de déchets plastiques sont produites annuellement dans les Îles de la COI. Un plan d’action régional sur la gestion et la valorisation des déchets a été adopté et sert de cadre pour la mobilisation de fonds et de projets. Pour apporter une réponse diversifiée au problème de la prolifération des plastiques, la COI a développé le projet ExPLOI (Expédition Plastique Océan Indien) qui lutte contre cette pollution en encourageant un changement des mentalités auprès des entreprises et des populations

Culture : mettre en lumière les talents de la région

La proximité des îles de la COI n’est pas uniquement géographique, elle est humaine, historique et culturelle. Pour faire connaitre la singularité de la culture des îles de l’océan Indien, la commission a créé le prix « Indianocéanie » grâce aux soutiens de l’Organisation internationale de la Francophonie et du Conseil départemental de la Réunion. Cet appel à écriture permet de mettre en lumière le talent et la créativité des écrivains de la région et de valoriser l’expression en langue française. Le prisme culturel soutient également auprès de la jeunesse la sensibilisation aux changements environnementaux et climatiques.

Garantir la sûreté et la sécurité maritime dans l’océan Indien

La COI permet à ses États membres d’échanger des informations et bonne pratiques et de coordonner leurs actions en matière de lutte contre les actes illicites en mer, tels que la piraterie ou les trafics maritimes, notamment de drogue. Sa contribution à la sécurité et la sûreté des eaux régionales est significative et son expérience est reconnue.

Ce domaine d’action de la COI se traduit en particulier par la création et le renforcement de canaux de partage de l’information maritime. Ainsi, l’un des programmes majeurs de la COI, le programme de sécurité maritime MASE (Maritime Security), a permis, avec le soutien de l’Union européenne, de mettre en œuvre une architecture régionale de sûreté maritime dans l’océan Indien occidental, de Djibouti à l’Afrique du Sud, s’appuyant sur plusieurs centres opérationnels dédiés auxquels participent les marines et autorités de sûreté maritime des États membres.

Des efforts sont également réalisés dans :

  • la sécurité portuaire ;
  • la lutte contre la pollution maritime ;
  • la pêche (domaine d’action du programme ECOFISH, pour le développement d’une pêche durable).

La région est sujette aux catastrophes naturelles et aux risques environnementaux. En témoigne le naufrage du Wakashio, navire japonais échoué sur une barrière de corail près de Maurice en juillet 2020, qui a déversé des tonnes de diesel dans la mer. Toutes les îles de la COI sont concernées et des efforts communs sont menés dans ces domaines.

La Présidence française de la Commission de l’océan Indien en 2021-2022

La France a exercé la présidence de la Commission de l’océan Indien (COI) de mai 2021 à février 2022. Cette présidence a été l’occasion de renforcer la solidarité régionale, de conforter l’intégration économique des territoires français de l’océan Indien dans leur environnement proche et de promouvoir la Francophonie.

Qu’est-ce que la Commission de l’océan Indien ?

Depuis plus de 30 ans, la France est membre de la Commission de l’océan Indien (COI) au titre de La Réunion, aux côtés de l’Union des Comores, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles.

La COI est une organisation internationale avec une identité insulaire et francophone. Ses 5 États membres partagent la même ambition de dynamiser l’organisation. Cette volonté s’est illustrée en 2020 par la révision de l’Accord fondateur de Victoria afin de donner à la COI les moyens de conduire des actions collectives et de donner une place statutaire au Sommet des chefs d’État et de gouvernement.

Un souffle nouveau pour la coopération régionale dans le sud-ouest de l’océan Indien

En étroite coopération avec le Secrétaire général de la COI, Vêlayoudom Marimoutou, la présidence française a été l’occasion de s’adresser directement aux jeunesses des 5 îles afin de façonner un espace dynamique et inclusif. Elle a poursuivi des objectifs régionaux, tels que :

  • le renforcement de la solidarité régionale,
  • l’intégration économique des territoires français de l’océan Indien dans leur environnement proche,
  • la promotion de la Francophonie.

6 mois après le début de la présidence française, plusieurs projets importants ont été initiés et permettent d’apporter un souffle nouveau à la coopération régionale dans le sud-ouest de l’océan Indien dans différents domaines :

Durant cette présidence, plusieurs projets importants ont été initiés et ont permis d’apporter un souffle nouveau à la coopération régionale dans le sud-ouest de l’océan Indien dans différents domaines :

  • Relancer l’économie et soutenir la création d’un incubateur d’entreprises multisectoriel et la création d’un réseau d’entrepreneurs.
    Ainsi, le forum des femmes et hommes d’affaires de l’océan Indien du 18 novembre 2021, organisé par Cap Business Océan Indien, a permis de mettre en relation et d’encourager de nouvelles synergies entre les entrepreneurs de la région.
  • Garantir la sécurité maritime grâce à une coopération entre les États de la région (Djibouti, Comores, Kenya, Madagascar, Maurice, Seychelles, Somalie, Tanzanie). Un symposium sur la sécurité environnementale a été organisé les 13 et 14 janvier 2022, par le ministère des Armées, auquel ont participé des experts des 5 États membres de la COI.
  • Lutter contre la pandémie de la Covid-19 en renforçant le partage d’informations et l’acheminement d’équipements médicaux à quatre États membres de la COI (Comores, Madagascar, Seychelles et Maurice).
  • Poursuivre la réforme institutionnelle de la COI. La présidence française a pour objectif d’étendre les domaines de coopération afin que la COI puisse répondre efficacement et rapidement aux défis rencontrés.
  • Promouvoir l’économie bleue grâce à l’organisation d’une journée régionale de l’économie bleue dans la région, le 17 juillet 2021. Cette journée a rassemblé 200 participants et a été l’occasion, pour Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité, de présenter les engagements de la France pour l’économie bleue.
  • Instaurer un espace de dialogue sur les enjeux de coopération humanitaire avec la tenue d’une conférence internationale sur la transition humanitaire dans l’océan Indien, en juillet 2021 à La Réunion. Cette rencontre a réuni une grande diversité d’acteurs (ONG humanitaires, agences multilatérales, associations locales, dispositifs public-privé, Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) et des chercheurs universitaires.
  • Développer la résilience face aux imprévus météorologiques, hydrologiques et climatologiques. En ce sens, le projet Hydromet a été lancé le 26 novembre 2021 à l’occasion du Conseil des ministres de la COI. Il bénéficie d’un financement de 60 millions d’euros par l’AFD, l’Union européenne et le Fonds vert pour le climat.
  • Développer les mobilités au sein de la zone COI. Dans cette perspective, les premières Assises régionales de la formation et de la mobilité professionnelle ont eu lieu les 10 et 11 février. Celles-ci ont rassemblé tous les acteurs de la zone afin de faire le point sur les formations existantes, les besoins et l’élaboration des grands axes d’un programme régional de mobilité.

Pour plus d’informations :