Les enjeux de la diplomatie française en Afrique

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Christophe Bigot, directeur pour la zone Afrique et Océan Indien au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, présente les enjeux de la diplomatie française en Afrique

Les liens entre la France et l’Afrique sont étroits et multidimensionnels. Ils sont ancrés dans notre proximité géographique, le temps long de l’histoire ainsi que des échanges et des interactions humaines intenses et croisés.

Cette relation se caractérise d’abord par la force du lien humain. Notre voisin le plus proche, l’Afrique participe à notre identité à travers une histoire commune et par le biais des diasporas africaines de France. Si nombre de nos compatriotes ont une origine qui les rattache à l’Afrique, en sens inverse, plus de 150 000 Français et Françaises sont établis en Afrique sub-saharienne (et près de 500 000 pour l’ensemble du continent). La France fait par ailleurs partie de l’espace africain avec ses deux départements de l’océan Indien de la Réunion et de Mayotte dans lesquels vivent plus d’1 million de nationaux.

Un présent et un avenir intimement liés

À bien des égards, le présent et l’avenir de la France sont intimement liés à ceux de l’Afrique. La prospérité et la sécurité des pays africains conditionnent aujourd’hui largement les nôtres :

  • En matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, les défis sont communs et rendent illusoires un engagement et une vigilance qui ne s’étendraient pas aux pays africains. La paix et la sécurité du continent déterminent également notre stabilité. C’est le sens, notamment, de notre action au Sahel ;
  • L’Afrique demeure une zone de forte croissance économique et elle le demeurera dans les décennies à venir en dépit d’une réelle hétérogénéité et de l’effet de la pandémie en 2020 et 2021.. Son dynamisme et sa prospérité ouvrent des perspectives nouvelles à nos entreprises. La France est l’un des principaux partenaires économiques du continent et son 2d partenaire commercial en Europe. En complément des échanges qu’elles connaissent avec le continent, les entreprises françaises contribuent à cette croissance par leurs investissements et la création de valeur ajoutée en Afrique. Sur la base de ces fortes complémentarités, nos relations économiques, mutuellement fructueuses avec les pays africains, sont appelées à se renforcer ;
  • Les grands enjeux globaux, qu’il s’agisse du changement climatique ou de la gestion des migrations, ne trouveront de solutions qu’avec un engagement fort de l’Afrique. Ils seront en outre impactés par la croissance démographique exceptionnelle que le continent va connaître au XXIe siècle, sa population devant passer de 1,2 milliard aujourd’hui à 2,5 milliards en 2050, dans le contexte d’une intense urbanisation ;
  • L’avenir de la langue française et de la Francophonie est largement porté par les Africains et le rayonnement accru de notre langue sera un défi et un atout à gérer avec eux ;
  • Les pays africains sont comme nous attachés à la défense du multilatéralisme et leurs intérêts convergent avec les nôtres pour la promotion d’une meilleure gouvernance mondiale.

Dès les indépendances, la France a fait le choix de développer des relations fortes avec les États d’Afrique subsaharienne. Nous y sommes aujourd’hui représentés par 42 ambassades (pour 49 États subsahariens) qui animent un réseau public dense et diversifié dans les domaines éducatif, culturel, scientifique et économique (instituts culturels et alliances françaises, lycées français, Agence française de Développement, instituts de recherche…).

Une démarche partenariale

La France a des intérêts légitimes en Afrique qu’elle veut promouvoir dans une démarche partenariale, fondée sur la transparence et la réciprocité.
C’est le sens du discours que le président de la République a prononcé, le 28 novembre 2017 à l’université Ki-Zerbo de Ouagadougou, au cours duquel il a détaillé une série d’engagements, marqueurs d’une nouvelle relation, d’un nouveau regard, entre la France et le continent africain.

Le discours de Ouagadougou a innové, dans tous les domaines, mais surtout dans le regard porté par la France, et à travers elle par l’Europe, sur l’Afrique et sur nos partenaires africains. Qu’il s’agisse des mobilités, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, du soutien aux PME/TPE, aux start-up et des partenariats économiques, de la culture et de la Francophonie, de l’aide au développement, de la santé ou du sport, le président de la République a lancé ce jour-là une série d’initiatives envers la jeunesse africaine, dans tous les domaines, pour contribuer à préparer l’avenir du continent, en coopération avec l’Europe.

En un peu plus de 3 ans, les échanges humains, qu’ils soient de la France vers l’Afrique ou inversement, n’ont cessé de progresser et de se densifier :

  • hausse des volontariats en Afrique, en administration ou en entreprise,
  • croissance des visas délivrés, qu’il s’agisse des « Passeport-talent » ou des visas pour études ;
  • renforcement du soutien aux entreprises avec les programmes Choose Africa et Digital Africa portés par le groupe Agence française de développement (AFD), et celui aux entrepreneurs avec MEETAfrica 2.

La culture et la Francophonie n’ont pas été oubliées avec la loi du 24 décembre 2020 sur les restitutions au Bénin et au Sénégal, qui ouvre la voie à une nouvelle politique de coopération patrimoniale et muséale avec l’Afrique, le lancement de la saison Africa 2020 et le soutien à la Francophonie, porté notamment par le lancement du Dictionnaire numérique des Francophones ou l’ouverture de la Maison des Etudiants Francophones au sein de la Cité Internationale Universitaire de Paris.

L’aide au développement s’est accrue depuis 2017 et la France y a ainsi consacré plus de 12 milliards d’euros en 2020, soit 0,53% de sa richesse nationale, en faisant le 5ème bailleur mondial d’aide. Elle devrait atteindre l’objectif fixé par le président de la République de consacrer 0,55% du PIB en 2022 à l’aide au développement.

En France même, l’Afrique occupe une place centrale avec la tenue de la saison Africa2020, décalée à 2021 en raison de la pandémie, le Sommet sur le financement des économies africaine les 17 et 18 mai 2021 et le Nouveau Sommet Afrique France en juillet 2021 à Montpellier. Ce sommet sera centré sur les jeunesses et les sociétés civiles, d’Afrique comme de France, et les diasporas. Il abordera l’ensemble des sujets qui sont aujourd’hui centraux pour ces jeunesses et au cœur de nos relations avec le continent africain : le changement climatique, les mobilités, la culture et la Francophonie, l’égalité femmes/hommes, le développement, notamment.

Mise à jour : mai 2021