Présentation de l’Irlande

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Données générales

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Présentation du pays

Nom officiel : Irlande
Nature du régime : République parlementaire
Chef de l’Etat : Michael D. Higgins, Président (depuis le 11 novembre 2011, réélu le 26 octobre 2018 pour un nouveau mandat de 7 ans)
Premier ministre (Taoiseach) : Simon Harris (nommé le 9 avril 2024)

Données géographiques

Superficie : 70 273 km²
Capitale : Dublin
Villes principales : Cork, Galway, Limerick, Waterford
Langues officielles : anglais et gaélique irlandais
Monnaie : euro (mis en circulation : 01/01/2002)

Données démographiques

Population : 5,149 millions au recensement de 2022 ; estimation de 5,282 millions en avril 2023
Croissance démographique : +1,3 % en moyenne de 2016 à 2022, +1,9% d’avril 2022 à avril 2023
Espérance de vie : 80,4 ans pour les hommes, 84,1 ans pour les femmes (2020)
Taux d’alphabétisation : 99 %
Religions (recensement de 2022) : catholiques (69,1 %), Eglise d’Irlande (anglicane, 2,5 %), orthodoxes (2 %), musulmans (1,6 %), sans religion (14,5 %), autres chrétiens (0,7 %), hindous (0,6%) autres (9 %).
Indice de développement humain : 0,945 (au 8ème rang mondial, classement ONU 2021)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Le gouvernement actuel présente un format inédit : Fianna Fáil (Renew) et Fine Gael (PPE), les deux grands partis centristes, sont réunis pour la première fois depuis l’indépendance de l’Irlande au sein d’une coalition, à laquelle se sont joints les Verts. Le parti Sinn Féin (affilié GUE/GVN), pourtant arrivé en tête des élections de février 2020, n’y figure pas. Conformément à l’accord de coalition, le Premier ministre Micheál Martin (Fianna Fáil) avait été remplacé le 17 décembre 2022 par le vice-Premier ministre Leo Varadkar (Fine Gael). M. Martin avait repris le portefeuille de ministre des Affaires étrangères et de la Défense, qu’il avait déjà exercé de 2008 à 2011.

Le 20 mars 2024, Leo Varadkar a présenté sa démission à la surprise générale. Le jeune (37 ans) ministre de l’Education supérieure, Simon Harris, a pris ses rivaux potentiels de court et, au terme d’une campagne éclair pour rassembler un grand nombre de soutiens dans l’appareil du parti, s’est imposé comme le seul candidat crédible à la succession de Leo Varadkar. Il a ainsi été élu leader du Fine Gael sans opposition le 6 avril, puis Premier ministre par l’Assemblée nationale (Dáil) le 9. Le nouveau Taoiseach devra trouver un nouveau souffle pour son parti et la coalition gouvernementale en vue des élections européennes de juin 2024 et des prochaines élections législatives, qui auront lieu en mars 2025 au plus tard.

Au-delà des grands enjeux de politique intérieure, notamment l’accès aux soins et le logement, plusieurs sujets sont sources de tension au sein de la coalition. Avant tout, le positionnement vis-à-vis du Sinn Féin est clivant. Le parti nationaliste est en effet largement en tête des intentions de vote (environ 27%, contre quelque 20% et 14% pour le Fine Gael et le Fianna Fáil selon les sondages les plus récents) depuis plus de trois ans avec un programme socio-économique très à gauche et favorable à une unification rapide de l’île.

Selon le dernier recensement en Irlande du Nord, paru le 22 septembre 2022, pour la première fois depuis la partition de l’Irlande, le nombre de Nord-Irlandais s’identifiant comme catholiques (45,7%) dépasse celui de ceux s’identifiant comme protestants (43,48%). Toutefois, selon un sondage publié le 3 décembre 2022 par l’Irish Times, l’un des plus grands quotidiens irlandais, une forte majorité en Irlande du Nord resterait en faveur du maintien dans le Royaume-Uni (50% contre 27%) alors que par ailleurs une grande majorité des électeurs de la République soutiendrait l’unification (66% contre 16%), mais qu’une forte proportion, avoisinant les 50% sur certains sujets (modification du drapeau ou de l’hymne national), serait réticente à l’idée de toute concession aux Unionistes pour y parvenir.

Politique étrangère

La diplomatie de Dublin s’articule autour de quatre axes : les liens avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis, l’engagement européen, les Nations Unies et les relations UE/Afrique. Il convient d’y ajouter une attention particulière à la situation au Proche-Orient, avec un fort tropisme propalestinien de la classe politique comme de la population, qui s’est à nouveau illustré depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas.

Les liens historiques et géographiques entre l’Irlande et le Royaume-Uni se traduisent par des relations commerciales étroites, un dispositif spécifique en termes de circulation et de droits des citoyens et une implication conjointe dans le dossier nord-irlandais. Depuis la visite de la Reine Elisabeth II en Irlande en mai 2011 et la visite du président Michael D. Higgins à Londres en avril 2014, les deux pays ont entamé un rapprochement bilatéral sans précédent. La présence au couronnement de Charles III, le 6 mai, du Président de la République, du Taoiseach et de la vice-présidente du Sinn Féin (et Première ministre désignée d’Irlande du Nord) Michelle O’Neill illustre ce changement. Si les relations entre l’Irlande et son « voisin le plus proche » connaissent des difficultés depuis le Brexit, l’Irlande a accueilli favorablement le pragmatisme du Premier ministre Rishi Sunak et sa volonté de négocier avec l’UE. Elle a plus particulièrement salué la signature, le 27 février 2023, du « Cadre de Windsor » complétant le Protocole nord-irlandais.

Les liens entre les Etats-Unis et l’Irlande sont très étroits. Plus de quarante millions d’Américains se reconnaissent d’origine irlandaise et, signe de cette proximité, le Premier ministre irlandais est traditionnellement reçu à la Maison Blanche le 17 mars, jour de la Saint-Patrick. Les IDE américains représentaient en 2021 556 Mds $ et 80% du stock total en Irlande, à l’origine de quelque 190 000 emplois. L’administration Clinton a joué un rôle crucial dans la conclusion de l’accord du Vendredi Saint en 1998 et les Etats-Unis restent toujours impliqués au plus haut niveau dans les questions nord-irlandaises. L’élection fin 2020 d’un Président catholique d’origine irlandaise, Joe Biden, a été accueillie avec chaleur. Le Président américain s’est rendu en Irlande du 11 au 14 avril à l’occasion des 25 ans de l’accord du Vendredi Saint.

L’Irlande est très attachée au multilatéralisme et au système des Nations-Unies. Elle déploie 510 personnels au sein de sept OMP, essentiellement au Moyen-Orient : FINUL (contingent de 345 militaires dans le secteur Ouest, que le gouvernement irlandais a décidé le 16 avril 2024 de renforcer de 33 soldats ; un soldat irlandais a été tué lors d’une fusillade à Beyrouth le 14 décembre 2022), FNUOD (115 militaires depuis septembre 2013), ONUST (13 experts), FNUCHYP (12 policiers), MINURSO (3 experts), MONUSCO (3 militaires), ONUCI (2 experts). Rapportées aux effectifs de l’armée irlandaise (passés sous la barre des 8 000 personnes début 2023), ces contributions dénotent un réel effort et un vif intérêt politique pour les missions de maintien de la paix. L’Irlande occupait en 2021 et 2022 un siège de membre non permanent au sein du CSNU.

Dans le cadre du renforcement de sa politique africaine, l’Irlande a ouvert une ambassade à Dakar en janvier 2023 et compte faire de même en Côte d’Ivoire d’ici 2025. L’aide au développement irlandaise se concentre sur l’Afrique, notamment les pays les moins avancés et les zones de conflits. Le budget de l’aide irlandaise s’élevait à 0,31% du PIB en 2020, soit 867,5 M€, avec l’objectif d’atteindre 0,7%. L’Irlande a publié en février 2019 un nouveau livre blanc sur sa politique d’aide au développement.

Historiquement neutre sur le plan militaire, l’Irlande consacrait, avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un budget modeste à la défense (0,35 % du PIB). Depuis 2015, l’Irlande fait évoluer sa posture, notamment par le biais d’un Livre blanc qui présente une nouvelle dimension stratégique. Le gouvernement a tenu en juin 2023 un "forum consultatif sur la politique internationale de sécurité", dont les conclusions ont été publiées le 10 octobre dernier. Le principe du « triple verrou » (impliquant, avant tout déploiement extérieur de plus de 12 personnels militaires, d’obtenir le triple accord du gouvernement, de la chambre basse du Parlement (Dáil) et des Nations Unies) est mis en perspective aujourd’hui avec la nécessité de répondre collectivement et de manière intégrée aux nouvelles menaces. C’est dans ce contexte que s’inscrit la décision irlandaise, en décembre 2017, de rejoindre la Coopération structurée permanente. Conformément à son régime de dérogation, obtenu suite au rejet du traité de Lisbonne, l’Irlande s’est longtemps montrée réservée vis-à-vis de toute évolution vers une défense commune et la constitution d’une « armée européenne », mais reste engagée dans l’affirmation de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) comme instrument concret d’action extérieure au profit de la paix et de la sécurité internationale. Par ailleurs, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné l’annonce d’une augmentation du budget de la Défense à 1,5 Mds € d’ici 2028. En 2024, le budget de la Défense atteindra 1,23 Mds € (+60M€ par rapport à 2023). Des soldats irlandais participent à la mission EUMAM de formation des forces armées ukrainiennes et l’Irlande accepte la fourniture de matériel militaire à l’Ukraine par l’UE, à condition que ces contributions ne servent qu’à l’achat de matériel non-létal. A noter également que l’Irlande est un Etat partenaire de l’OTAN depuis 1999, à défaut d’en être membre à part entière.

Actuellement, l’Irlande contribue à l’opération de PSDC au Mali, avec 14 personnels. Cependant, le gouvernement a décidé le 12 juillet 2023 de retirer ses troupes de l’opération, sans fixer de calendrier, citant la détérioration de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest et le risque que fait peser la désinformation de groupes militaires privés sur la mission européenne.

Membre des Communautés européennes depuis 1973, l’Irlande est un Etat membre actif et respecté dans les instances de l’UE. Grande bénéficiaire de son adhésion à l’UE (sur les plans économique, de modernisation, d’influence internationale, et tout particulièrement dans le domaine agricole qui a grandement bénéficié de la PAC), l’Irlande est aujourd’hui l’un des rares pays membres sans parti anti-européen et l’extrême-droite y est négligeable. Longtemps bénéficiaire net, l’Irlande est aujourd’hui contributeur net (+377 M€ en moyenne entre 2018 et 2020). L’Irlande bénéficie par ailleurs de deux opt-outs : Schengen et JAI.

Situation économique

Après une crise économique parmi les plus profondes en Europe et des années d’ajustement budgétaire sans précédent encadré par le programme d’aide UE-FMI (2010-décembre 2013), l’Irlande a affiché des chiffres de croissance record dans l’UE et l’OCDE : 5,2% pour 2014, et 7,8% pour 2015, 5,1 % pour 2016 et 7,3 % pour 2017. Malgré le Brexit et la pandémie de Covid-19, l’économie a poursuivi sa dynamique, croissant de 6,6% en 2020 et connaissant un bond spectaculaire de 15,1% en 2021 et de 9,4% en 2022. Elle a toutefois subi une récession en 2023 (-3,2%), la première depuis 2012 : après un fort rattrapage post-Covid, l’économie retrouve un rythme correspondant à son potentiel véritable, qui plus est dans un contexte de taux d’intérêts élevés. Aujourd’hui de 4,3%, le taux de chômage se situait à 3,8% en mai 2023, le niveau le plus bas jamais enregistré.

Le rythme exceptionnel de la croissance a produit des revenus fiscaux très supérieurs aux prévisions du gouvernement. Le niveau de dette publique régresse plus rapidement que prévu, se situant à 43,7% du PIB à fin 2023. En 2023, malgré des dépenses record, l’Irlande a affiché un excédent budgétaire de 8,3 Mds €, dû en grande partie à une hausse importante de ses recettes fiscales, en particulier de l’impôt sur les sociétés. D’après les prévisions du gouvernement, l’excédent budgétaire cumulé jusqu’en 2026 devrait atteindre 65 Mds€. Néanmoins, le poids des contributions d’un petit nombre de grandes multinationales du numérique (Apple, Google, Meta…) dans les revenus de l’Etat constitue un facteur de fragilité et pousse à la prudence le ministère des Finances, qui hésite à décider des baisses d’impôts ou de nouvelles dépenses redistributives à cause du caractère aléatoire de ces revenus exceptionnels. Le gouvernement se montre tout aussi réservé à l’idée d’aides (sur les prix de l’énergie par exemple) ou d’investissements ponctuels (construction de logements), de peur d’alimenter l’inflation.

L’économie irlandaise fait également face à des difficultés engendrées par son propre dynamisme : tensions sur l’immobilier (renforcées par l’accueil massif de réfugiés ukrainiens – plus de 105 000 début avril 2024), sur les infrastructures et sur les salaires.

Mise à jour : 3 mai 2024

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