Soudan - Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et ses voisins - Questions et demandes clés sur l’accès humanitaire (15 avril 2024, Paris)

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Après un an de conflit, le Soudan connaît une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. La moitié de la population - 25 millions de personnes - a besoin d’une assistance humanitaire, et plus de 8 millions de personnes ont été forcées de fuir à l’intérieur du pays ou de franchir les frontières vers les pays voisins. Plus d’un tiers de la population est confronté à une insécurité alimentaire aiguë et le risque de famine s’accroît dans certaines régions de Khartoum et du Darfour, alors que la période de soudure approche. Les femmes et les jeunes filles sont particulièrement touchées par cette crise, le niveau des violence sexuelles liées au conflit étant alarmant. De nombreux rapports font état d’autres violations graves du droit international humanitaire et de violations et d’abus flagrants des droits de l’Homme. L’interruption des télécommunications qui a commencé début février continue d’affecter de grandes parties du pays, notamment le Darfour, Khartoum et le Kordofan, coupant l’accès des civils aux services financiers et aux informations vitales et entravant les activités humanitaires.

La communauté humanitaire conduit un travail important pour alléger les souffrances croissantes des populations. L’année dernière, elle a apporté une aide vitale à plus de 8 millions de personnes. Ces efforts se heurtent toutefois à trois difficultés persistantes : (1) les obstacles mis à l’accès humanitaire ; (2) un déficit majeur de financement des opérations d’aide humanitaire ; et (3) une attention insuffisante de la communauté internationale portée à la crise au Soudan.

Dans le cadre d’une réunion informelle qui s’est tenue le 14 avril à Paris, en marge de la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins, et qui a été présidée par la Coordinatrice résidente et Coordinatrice humanitaire des Nations Unies, les principales demandes suivantes ont été abordées en vue de faciliter un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave et renforcer la réponse humanitaire en cours, qui devrait être poursuivie selon une approche « sans regret ». Ces demandes sont soutenues et endossées par l’Union Européenne, la France et l’Allemagne, co-hôtes de la Conférence humanitaire :

1. Nous appelons les parties belligérantes à mettre fin aux combats, alors que la population du Soudan et des pays voisins en paye le lourd tribut. La fin des hostilités peut permettre d’apporter toute l’aide humanitaire aux personnes dans le besoin. En particulier, des mesures urgentes doivent être prises pour permettre une désescalade à El Fasher, étant donné le risque imminent et grave que courent les civils résidant dans la ville et ses environs.

2.Les parties doivent prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et les infrastructures et biens civils. Cela implique de ne jamais diriger d’attaques contre eux et de veiller constamment à les épargner tout au long des opérations militaires. Elles doivent également protéger les ressources agricoles et les autres biens indispensables à la survie des civils. Les populations civiles doivent être traitées avec humanité et dignité et toute forme de violence sexuelle doit être strictement interdite.

3. Les parties doivent respecter immédiatement et sans réserve les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, comme indiqué dans les engagements qu’elles ont pris à Djeddah. Il s’agit notamment de faciliter une assistance humanitaire fondée sur des principes humanitaires, en donnant des instructions claires par l’intermédiaire de toutes les structures de commandement militaire et autres structures de prise de décision concernées. Les actions visant à politiser, entraver, attaquer, piller ou interférer de toute autre manière avec les opérations humanitaires sont inacceptables et doivent cesser immédiatement.

4. Un accès humanitaire sûr, rapide, sans entrave et durable est nécessaire pour atteindre les personnes dans le besoin, où qu’elles se trouvent, par tous les itinéraires possibles. Cela inclut l’accès transfrontalier à travers le Tchad (y compris les points de passage d’Adré et de Tiné) et le Sud-Soudan (points de passage de Renk, Aweil et Panakuach), ainsi que l’accès transfrontalier (y compris les routes d’entrée et de sortie d’El Fasher et de Khartoum, et la route du sud vers le Darfour et le Kordofan via Kosti et El Obeid).

5. Les obstacles bureaucratiques et administratifs doivent être levés, notamment par la délivrance rapide de visas aux travailleurs humanitaires, dont en particulier les ONG, afin de renforcer l’expertise nécessaire pour répondre à la crise.

6. Une augmentation substantielle et immédiate des financements est indispensable en faveur du plan de réponse humanitaire 2024, y compris le plan de prévention de la famine au Soudan (PPF), lancé le 12 avril. Dans le cadre de ce plan, 400 millions de dollars sont nécessaires dès maintenant pour que les organisations humanitaires puissent rapidement prépositionner des fournitures et augmenter l’aide en espèces et en bons d’achat avant le début de la saison des pluies. Un financement suffisant est également nécessaire pour fournir les capacités nécessaires et adéquates en matière de sécurité afin que les organisations humanitaires puissent établir les sept centres opérationnels prévus dans le PPF.

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