Q&R - Point de presse live (8 février 2024)

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Q - Tout d’abord, je vais revenir avec vous au Proche-Orient. Malgré les efforts diplomatiques et les initiatives de cessez-le-feu à Gaza, on a entendu M. Netanyahou, hier soir, ordonner à l’armée israélienne de préparer une offensive sur Rafah. Comment expliquez-vous ces déclarations et est-ce que ça n’arrête pas les initiatives de paix lancées de Paris et des autres pays des pays arabes ?

R - Nous sommes effectivement très préoccupés par la poursuite des combats dans la bande de Gaza, et notamment à proximité du point de passage de Rafah, parce que le point de passage de Rafah est un point vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Je le redis, entraver l’accès des populations civiles à l’aide humanitaire est une violation du droit international. Donc nous condamnons, nous avons condamné et nous condamnerons fermement les frappes contre les civils et les infrastructures civiles. La priorité absolue, comme l’a dit le Président de la République, c’est d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et durable. Israël doit prendre des mesures concrètes pour protéger la vie des populations civiles à Gaza. C’était le message aussi que le Ministre a souhaité porter à l’ensemble des interlocuteurs avec lesquels il a pu parler dans la région. C’est une priorité. Nous le redirons lors de prochains déplacements et nous continuerons à rappeler que la protection des populations civiles de Gaza est un point d’une extrême importance pour nous.

Q - Quelques questions, s’il vous plaît. D’abord, est ce que vous pourrez confirmer que le roi de Jordanie va arriver en France, dans quelques jours, donc si vous avez des précisions sur sa visite ici ? Une question sur la mer Rouge : il y avait une décision en principe sur une mission européenne, mais pour l’instant on ne la voit pas, cette mission. Quelle est la position de la France et pourquoi c’est bloqué ? Ma question qui se répète toutes les semaines sur les médicaments, pour les otages : est-ce que les médicaments sont perdus ? Parce que ça commence à faire un peu bizarre de ne pas avoir d’information du tout. Et dernière question : le bateau français Dixmude est parti déjà le 27 janvier. Vous mettez beaucoup d’accent sur l’aide humanitaire, mais qu’est-ce que vous, la France, apportez en ce moment ? Est-ce qu’il y a des agents français des ONG, côté égyptien, est-ce qu’il y a des matériels qui sont acheminés ? Est-ce que vous parlez de quelque chose de concret ou juste sur le principe ?

R - Sur votre première question, sur une éventuelle visite du roi de Jordanie, je ne suis pas du tout en mesure de vous confirmer cela. Sur votre question sur la mer Rouge, effectivement, c’est un point que nous avions évoqué. La France, comme je vous l’avais dit, agit pour une pacification de la zone de la mer Rouge. Elle participe aux opérations et effectivement elle a soutenu au niveau européen la mise en place d’une mission européenne en mer Rouge. Les discussions sont encore en cours à Bruxelles ; elles sont très bien avancées. Elles pourraient aboutir lors du prochain Conseil Affaires étrangères qui aura lieu, si je ne me trompe pas, le 19 février. Encore une fois, la mise en place d’une opération européenne de sécurisation de la mer Rouge est une priorité pour la France. C’est une priorité qui a été portée à Bruxelles par le Ministre. Elle sera mise en place. Mais il y a un processus de décision à Bruxelles qui fait que cela prend un peu de temps. Mais je pense qu’on aura l’occasion bientôt de pouvoir vous confirmer des informations sur cette opération.

Sur les médicaments, je vais vous redire ce que je vous ai dit, la semaine dernière. Malheureusement, je n’ai pas plus d’éléments. En revanche, sur le départ du Dixmude, qui était ce bateau militaire français qui était accosté à côté de de El-Arich en Égypte et qui a joué un rôle important dans l’aide humanitaire apportée aux populations civiles de Gaza, je vous rappellerais qu’il a permis de soigner mille patients, qu’il y a eu environ 120 Gazaouis qui ont été hospitalisés à bord du Dixmude, avec des opérations chirurgicales. C’est un bilan qui pour nous est extrêmement positif. Il a quitté El-Arich. Mais cela ne signifie pas que nous arrêtons toute forme d’aide humanitaire. Au contraire, depuis le début, nous avons livré plus de mille tonnes d’aide humanitaire via l’Égypte. Nous continuons le programme que le Président de la République avait annoncé d’accueil d’enfants gazaouis blessés dans les hôpitaux français. Il y a aujourd’hui sept enfants gazaouis qui sont pris en charge par des hôpitaux français, en France, pour des actes de chirurgie, et pour les soigner. Nous continuons, bien évidemment, nos efforts en lien avec l’Égypte. Cela a été un point qui a été discuté par le Ministre avec son homologue égyptien, lorsqu’il est allé au Caire, il y a quelques jours. C’est un effort que nous avons fait depuis le début de la crise. C’est un effort que nous continuons, et c’est un effort que nous continuerons. Effectivement, le Dixmude est parti, mais c’est une aide qui prendra d’autres formes.

Q - Donc ça n’a pas pris pour l’instant une autre forme ?

R - Le Dixmude est un élément de l’aide humanitaire que nous avons apporté.

Q - Est-ce que depuis le 27, il y avait quelque chose ? En fait, c’est ça ma question. Le bilan, je connais très bien, mais est-ce que depuis le 27, il y avait quelque chose ?

R - Vous voulez dire, est-ce qu’on a remplacé le Dixmude par un autre bateau ?

Q - Non, ça je sais qu’il n’y a pas. Mais quand vous parlez d’autres formes, est-ce qu’il y avait, je ne sais pas, des cargos de trucs qui sont arrivés sur place ?

R - Des livraisons d’aide humanitaire, il y en a régulièrement. Je pourrai revenir avec vous avec des détails précis et si ça vous intéresse, les dates exactes de livraison. Il y a une aide humanitaire qui est constante de la France vers les populations civiles de la bande de Gaza.

Q - Concernant le Liban, le Ministre y était. Est-ce que la France participe au plan ou à l’épure d’un accord avec le Hezbollah pour le retrait à 8, à 10 km de la frontière au nord de la frontière, et aussi la déconcentration des forces israéliennes de l’autre côté de la frontière, et le retour des populations civiles, libanaises comme israéliennes ?

R - Sur la question du Liban, on a eu l’occasion de le dire plusieurs fois : le cadre et la pierre angulaire de notre action, c’est la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies qui est pour nous le cadre pour préserver la paix. Il est évident, actuellement, que la situation est extrêmement précaire et dangereuse. L’objectif qu’a porté le Ministre lors de ses entretiens à Beyrouth, mais aussi en Israël, comme je vous le disais dans les propos liminaires, c’est d’éviter une déflagration. Toute action qui pourra être menée et prise vers une désescalade sera accueillie par nous de manière positive. Vous savez que le Président de la République s’est aussi beaucoup impliqué sur la question libanaise. Et le Ministre a appelé toutes les parties, lors de son déplacement, à formuler des engagements en faveur de la sécurité du Sud-Liban et du Nord d’Israël. Cet appel a été passé aux autorités libanaises et a été passé aussi aux autorités israéliennes. Il est arrivé aussi porteur de propositions concrètes et opérationnelles qui sont en cours de discussion. Donc je ne pourrai pas vous détailler plus avant ces propositions. Mais en tout cas, le Ministre a œuvré à trouver une solution qui permette une désescalade et une baisse de la tension à la frontière entre le Sud du Liban et le Nord d’Israël.

Q - Une question complémentaire sur le Liban. Pourriez-vous nous confirmer que Jean-Yves Le Drian va s’y rendre prochainement et a-t-on déjà l’objet de sa mission ?

R - Jean-Yves Le Drian est le représentant personnel du Président de la République pour le Liban. Il s’y rend régulièrement. Il s’y rendra prochainement. Je ne peux pas vous confirmer la date exactement, mais je pense que nous aurons l’occasion de revenir vers vous rapidement avec des éléments plus concrets sur sa prochaine mission au Liban.

Q - Ce lundi, il y a eu quelques opposants iraniens devant votre ministère, et ils ont eu une rencontre avec une de vos collègues. Est-ce que vous savez la raison pour leur présence et votre réponse de votre part à eux ?

R - Je n’ai pas connaissance de cette manifestation.

Q - Il y a eu une rencontre de la part d’une personnalité de droits de l’homme, je pense, qu’elle est allée à l’extérieur de le voir.

R - Je suis désolé, je n’ai pas d’élément sur ce point.

Q - Vous avez tout à l’heure évoqué, je vous cite, les ingérences russes, fin de citation. Mme Zakharova, votre homologue russe, a aujourd’hui fait une déclaration appelant le président Macron à cesser de « fantasmer », fin de citation, sur une menace russe, de guerre contre l’Occident. Elle a estimé que ces déclarations, notamment les dernières du président Macron en Suède, conduisent à une aggravation du climat de méfiance et à une amplification des risques de conflits en Europe. Je voudrais avoir s’il vous plaît vos commentaires là-dessus et une deuxième question si possible sur la situation politique à Haïti qui continue de se dégrader à nouveau.

R - Sur votre première question, effectivement, les déclarations de Mme Zakharova, sont tout à fait en ligne avec les déclarations qui ont été faites par Dmitri Medvedev, hier. C’est exactement la même chose. Pour nous, c’est un exemple concret d’ingérence, et nous sommes assez coutumiers de ces déclarations. Je ne suis pas sûr de devoir faire des commentaires sur ces déclarations, cela ne me semble pas utile.

Sur Haïti, qui est une question beaucoup plus sérieuse et sur laquelle nous apportons une très grande attention, compte tenu de la situation qui est extrêmement difficile, nous appuyons le déploiement d’une force multinationale d’appui aux forces de sécurité haïtiennes. Nous avons garanti d’ailleurs au gouvernement haïtien une première contribution financière au fonds dédié pour le soutien d’Haïti. C’est pour nous une question qui est très importante, puisque c’est un pays qui vit des moments difficiles et nous sommes pleinement engagés dans le soutien d’Haïti, afin d’éviter une crise et d’éviter des débordements sécuritaires. C’est pour cela que nous continuons de manière décidée notre financement au fonds dédié et que nous appuyons un déploiement de cette mission multinationale d’appui aux forces de sécurité haïtiennes.

Q - Vous pouvez préciser le montant de la contribution ?

R - 3 millions.

Q - Est-ce que vous pouvez revenir un peu sur la question des sanctions contre les colons extrémistes dans les territoires occupés ? La semaine dernière, vous avez dit qu’il y avait du nouveau prochainement, donc peut être que ce prochainement est arrivé.

R - Effectivement, il y a un processus qui est enclenché. Vous avez vu que les États-Unis ont publié d’ores et déjà des éléments sur le sujet. Le prochainement que je vous mentionnais la semaine dernière est encore valable. Les discussions progressent. Nous reviendrons vers vous. Je n’ose plus utiliser le terme prochainement, mais bientôt.

Q - Très bientôt ?

R - Très bientôt.

Q - 19 février ?

R - Pardon ? Non, 19 février, c’est le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne. Ce n’est pas lié au 19 février. Le 19 février c’est la réunion européenne et là il était question de sanctions à titre national.

Q - Désolée, mais la fois passée, vous avez dit que ce serait une décision européenne.

R - Il y a les deux.

Q - Je ne comprends pas, ce n’était pas du bilatéral ?

R - Au niveau national, c’est en cours, et au niveau européen il y a une discussion qui est, elle aussi, en cours.

Q - Concernant la mission de Mme Colonna sur l’enquête de l’UNRWA, est-ce que le résultat de cette enquête enclenchera le renouvellement du financement par la France à l’UNRWA ? Et avec cette présence diplomatique est-ce que la France n’est pas aux premières loges de la question des Gaza ?
R - Comme nous l’avions déjà déclaré, la France n’a pas suspendu son aide à l’UNRWA. Simplement, il n’y avait pas de versement prévu au premier trimestre 2024. Et nous avons, tout en réaffirmant notre plein soutien à l’UNRWA, indiqué que nous exigions que toute la lumière soit faite de manière sérieuse sur les agissements de certains agents de l’UNRWA. Nous avons demandé au commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, des mesures concrètes. Nous avons donc pris note avec satisfaction de l’annonce par le Secrétaire général des Nations unies, en consultation avec le Commissaire général de l’UNRWA, d’un examen externe indépendant. Nous étions assez satisfaits parce que nous avons considéré que c’était un pas en avant positif. Cet examen sera conduit par Mme Catherine Colonna, qui est l’ancienne ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à titre personnel. Nous nous en sommes félicités. Elle travaillera avec trois organismes de recherche, essentiellement l’Institut Raoul Wallenberg en Suède, l’Institut Christian Michelsen en Norvège, ainsi que l’Institut danois des droits de l’Homme. Nous saluons cette nomination. Nous saluons aussi la mise en place de cet examen externe indépendant. J’insiste sur ce terme-là. Nous lui adressons tous nos vœux de réussite et on l’assure de notre plein soutien dans l’exercice de cette mission qui répond à l’exigence formulée des mesures rapides et fermes pour assurer que l’agence se concentre sur son mandat dans un esprit dénué d’appel à la haine et à la violence.

Q - Ça tombe bien, ça avait un rapport aussi avec l’UNRWA. Je voulais savoir quel avait été, quand et de combien avait été le dernier versement ? Et quel était le prochain versement qui était programmé et de quel ordre également ?

R - Nous avons versé pour l’année 2023, je n’ai pas le détail des différents versements, mais nous avons versé pour l’année 2023, 60 millions d’euros à l’UNRWA, ce qui constituait un effort supplémentaire qui avait été fait par la France, compte tenu de la situation, puisqu’en année « normale », la contribution de la France à l’UNRWA est plutôt autour de de 30 millions d’euros. Pour des raisons techniques diverses et variées, ce sont des versements qui se font de manière échelonnée. À ce stade, il n’y a pas de versement qui doit être réalisé au premier trimestre 2024, ce n’était pas prévu. Le prochain versement se fera en liaison avec le commissaire général de l’UNRWA. Nous rappelons, encore une fois, que nous avons toute confiance dans cette Agence des Nations unies qui pour nous joue un rôle crucial pour les populations palestiniennes, mais nous serons aussi extrêmement sérieux dans l’examen qui sera fait par l’UNRWA elle-même de la situation des agents qui ont été mis en cause. Pour nous c’est important. Donc, je reviendrai vers vous, le moment venu, avec les sommes qui pourraient être décaissées. Mais pour le moment, nous sommes plutôt dans cette position-là, dans une position de dialogue avec l’UNRWA sur la nécessité de clarifier l’ensemble des choses.

Q - Donc la livraison du rapport est un peu verte, c’est ça ?

R - Non. Le rapport, c’est une commission externe indépendante. Et Catherine Colonna a accepté cela à titre personnel. Cela veut dire que, quand je vous dis que Catherine Colonna a décidé de cela à titre personnel, et qu’elle le fait avec trois instituts indépendants, c’est un audit externe, pour parler clairement, qui a été commandité par le Secrétaire général des Nations unies et par le commissaire général de l’UNRWA. Et c’est une garantie d’indépendance, justement, du rapport qui sera fait. Nous ne préjugeons pas de ce qui sera écrit dans le rapport. Nous disons simplement pour le moment que nous nous félicitons de cet audit externe, dont nous espérons qu’il permette de remettre les choses à plat, de manière extrêmement objective. Le moment venu, et en en concertation avec le Secrétaire général des Nations unies et le commissaire général de l’UNRWA nous prendrons des décisions.

Q - Ma question était de savoir combien était programmé avant cette affaire, en versement pour 2024 ?

R - Je n’ai pas cette information.