La science en Australie : brèves scientifiques - Environnement - janvier-avril 2024

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Australie

Brève
Australie | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
10 mai 2024

Les sols australiens comme émetteur de carbone

Pour maintenir la planète à une température stable, les sols jouent un rôle important de capture et stockage de CO2. Il a été estimé que les sols australiens stockent 28 gigatonnes de carbone dont 70% sont stockées dans les terres intérieures du continent australien. Ces zones particulièrement exposées au changement climatique pourraient, selon les travaux de modélisation d’une équipe de Curtin University, devenir émettrices de carbone à hauteur de 8% d’ici 2045 dans le cas où l’Australie orienterait sa politique environnementale vers un scénario durable et à plus de 14% si l’Australie continue de se reposer sur des énergies fossiles. Les chercheurs affirment qu’à moins d’améliorer considérablement les méthodes de capture de carbone dans les zones de pâturage et d’élevage, la capture de CO2 par les sols arables ne sera plus en mesure de compenser l’émission de CO2 par les sols du centre australien.
Curtin University

Le plastique dans le viseur du groupe Arnott’s

L’Université de New South Wales et son partenaire industriel Paco Industries ont signé un partenariat avec le groupe Arnott’s, célèbre producteur de biscuit australien, pour l’utilisation d’un procédé de recyclage du plastique. L’équipe du Prof Per Zetterlung a en effet mis au point un procédé à faible coût en énergie permettant de transformer le plastique alimentaire (polyéthylène, polypropylène, polystyrène et PET) en nanoparticules de polymère dispersées dans l’eau, qui peuvent ensuite être extraites pour être réutilisées dans la préparation de nouveaux produits de consommation ou utilisées dans leur dispersion aqueuse dans des applications telles que l’asphaltage et les revêtements imperméables à l’eau. Cette technique innovante permet également d’éliminer les colorants des déchets plastiques d’origine, qui nécessitent actuellement un traitement séparé, réduisant ainsi le temps et le coût du recyclage et élargissant la source de déchets.
University of New South Wales

Des dizaines de millions de crédits carbone pour des projets non aboutis

Les projets de régénération induite par l’homme sont le cinquième plus important type de procédés basés sur la nature pour réduire les émissions et le plus important si l’on exclut les projets impliquant des émissions évitées. L’Australian National University, en partenariat avec Haizea Analytics, l’Université du New South Wales et l’Université du Queensland ont analysé 182 de ces projets en Australie. La majorité de ces projets se sont vus attribuer des crédits carbone pour la régénération de forêts indigènes dans des zones non défrichées et n’impliquant pas de plantation d’arbres. Ils prétendent principalement régénérer les forêts indigènes à partir de semences du sol en réduisant le nombre d’animaux d’élevage et d’animaux sauvages. Selon les chercheurs, ces projets sont controversés car des décennies de recherche scientifique sur les pâturages australiens suggèrent que le pâturage par le bétail et les animaux sauvages n’a généralement pas d’impact négatif important sur la couverture végétale.
L’étude a évalué si la couverture végétale avait augmenté dans ces "zones créditées" où les forêts sont censées se régénérer et a analysé si les tendances de la couverture végétale dans les zones créditées étaient différentes de celles des zones adjacentes aux limites du projet. Les résultats suggèrent que les projets ont été sur-crédités (plus de 27 millions de crédits au cours de la période d’analyse) et qu’ils sont en train d’échouer malgré une régénération qui aurait débuté entre 2010 et 2014.
Australian National University 

Les polluants éternels se nichent chez les manchots pygmées

Les substances per- et poly-fluoroalkyles (PFAS) constituent un vaste groupe de produits chimiques qui résistent à la chaleur, aux tâches, à la graisse et à l’eau. Elles sont particulièrement utilisées en Australie notamment dans les mousses anti-incendie, les crèmes solaires et les emballages pour la restauration rapide, etc. Si les PFAS ont montré leur efficacité, ces substances sont également considérées comme des polluants éternels, étant particulièrement résistantes à la dégradation et capables de parcourir de longue distance à travers différents processus naturels (migration d’oiseaux, vents, marées, etc.) et peuvent avoir des effets néfastes sur la santé animale et humaine.
Des chercheurs de l’Université de Tasmanie ont récemment détecté la présence de 14 de ces polluants éternels, en majorité sous forme d’acide Perfluorooctanesulfonique (PFOS), dans les sols de nidification et les échantillons sanguins de manchots pygmées sur les côtes tasmaniennes. Les chercheurs ont également démontré une corrélation directe entre la présence de PFAS (même en faible quantité) et les paramètres de santé des manchots pygmées (modification du taux de protéines circulantes, de l’hématocrite et présence de marqueurs de génotoxicité). Ils ont également corrélé l’augmentation de l’urbanisation autour des colonies de manchots et le taux de PFAS dans leur habitat.
University of Tasmania

Quelle est la valeur économique de l’Antarctique ?

L’Antarctique et l’Océan Austral sont d’importance cruciale pour réguler la température de la Terre (en absorbant le CO2 et réfléchissant les rayons solaires), pour distribuer la chaleur, les eaux fraîches, le carbone et les nutriments aux différents océans ou encore pour maintenir un niveau des océans stable. L’Antarctique représente également un stock alimentaire conséquent et une nouvelle destination touristique. Et si la valeur de l’Antarctique pouvait être chiffrée ? C’est le pari que se sont lancés des chercheurs de l’Université de Tasmanie. Ils ont pu estimer à 340 millions d’euros la valeur de la pêche, à 760 millions la valeur du tourisme (avec plus de 105 000 touristes en 2022) et à 166 milliards le bénéfice écologique (absorption du carbone, maintien du niveau de la mer et réflexion lumineuse). D’autres données comme la valeur des courants pour la distribution des nutriments, la valeur de la recherche scientifique et le potentiel médicinal n’ont pas pu être chiffré. Toutefois, d’après ces travaux, le bénéfice économique de l’Antarctique et de l’Océan Austral s’élève à plus de 167 milliards d’euros.
University of Tasmania